"Des microbes qu’il faut qu’on éradique avec méthode", peut-on entendre dans cette video retrouvée parmi les archives de Youtube. Le nouveau Goebbels enjoignait ses compatriotes à « l’élimination de la vermine » tutsi.
Ce véritable appel à l’extermination sera entendu lorsque plusieurs centaines de tutsi sont massacrés dans le pays, dont plus de 500 à Kinshasa. « Les Tutsi risquent de connaître la triste expérience des Juifs : ils sont perfides, brutes, rancuniers et sanguinaires », expliquait le directeur de cabinet de Laurent-Désiré Kabila, grand prophète de la guerre des races.
Quelques années plus tard, en 2006, Yerodia réitérait ses appels à la haine, prévenant les Tutsi, lors d’un meeting à Goma : « Si vous ne retournez pas chez vous, on vous mettra des bâtons dans le derrière pour s’assurer que vous partiez. » (Bakchich.info)
Propos qui rappellent ceux des génocidaires rwandais, qui ont abouti au crime de 1994.
Ils nous rappellent que la haine anti-Tutsi – et plus largement, contre les populations rwandophones congolaises – s’est durablement installée en République Démocratique du Congo depuis l’indépendance et a souvent été instrumentalisée, avec succès, par le pouvoir.
Jamais aussi bien toutefois que sous la houlette de Yerodia.
La rhétorique raciste s’est systématisée ces dernières années suite aux rebellions armées menées par le CNDP puis le M23. A Kinshasa, la capitale, mais aussi à Goma et Bukavu, dans les Sud et Nord Kivu, des groupes se disant représentatifs de la "société civile", des médias (radios et sites internet) ou encore des responsables politiques ne prennent parfois même plus la peine de dissimuler leur appel à la haine envers les populations congolaises rwandophones.
Abdulaye Yerodia n’aura échappé aux poursuites de la justice internationale que grâce à l’immunité diplomatique dont il a pu bénéficier en étant un temps ministre des affaires étrangères. Aujourd’hui, c’est en tant que vice-président de Joseph Kabila qu’il évite d’être poursuivi pour crimes contre l’humanité.