Burundi, la révolte des enfants
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Jeudi 30 avril au matin, Alexis Sinduhije figure de l’opposition burundaise a été interpellé à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem alors qu’il était en transit en provenance de Ndjamena et à destination de l’Italie.
Thursday, April 30, in the morning, Alexis Sinduhije, a Burundian opposition figure was arrested at Brussels Airport Zaventem while in transit to Italy from Ndjamena.
Le président du parti Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD) aurait été interrogé par les services de police belges pendant plus de deux heures et ne serait toujours pas libre de ses mouvements.
Maître Bernard Maingain annonce que son client « a été interpellé par des policiers au moment des formalités de transit ». Selon lui, « les autorités belges sont en train de réfléchir sur un refoulement vers le pays d’où il venait ». L’avocat d’Alexis Sinduhije précise que son « client est totalement en ordre ». Lors de son arrestation, il n’y avait pas de demande d’extradition ou de mandat d’arrêt internationale le concernant.
Maître Maingain a appelé la Belgique à « le laisser poursuivre sa route. [...] Il ne faudrait pas que les autorités belges s’illustrent par une attitude non respectueuse des Africains en ordre de visa et de passeport », a-t-il lancé. M. Sinduhije s’était déjà rendu en Belgique à plusieurs reprises, sans rencontrer de problèmes. Maître Maingain, joint ce 1er mai en fin de journée, précise que le Burundi a lancé un mandat d’arrêt international qui n’était pas encore parvenu à Bruxelles jeudi soir.
On ne peut que s’inquiéter de l’attitude des autorité belges, sachant que le 12 mars dernier, le gouvernement de Bujumbura avait annoncé officiellement l’émission d’un mandat d’arrêt à l’encontre du président du MSD, l’un des opposants les plus déterminé au président burundais Pierre Nkurunziza. Ne ménageant pas ses effort de répression de l’opposition démocratique, le gouvernement burundais prononçait la même inculpation passible de réclusion à perpétuité à l’encontre de 71 autres militants politiques.
Rappelons que le gouvernement burundais durcit sa politique répressive, dans un contexte tendu où l’opposition dénonce fermement la volonté du pouvoir burundais de modifier la Constitution pour permettre à l’actuel président de briguer un nouveau mandat, et au moment où le parti au pouvoir est formellement accusé d’armer ses jeunesses miliciennes. Des affrontements particulièrement violents entre militants de l’opposition et les forces de l’ordre ont servi de prétexte à la vague d’arrestations d’opposants.
Ancien journaliste, Alexis Sinduhije, avait fondé en 2000 Radio Publique Africaine (RPA), dont l’objectif est de donner la parole et de permettre le dialogue entre tous les burundais quelle que soient leur appartenance. Aujourd’hui RPA est l’une des radios privées les plus écoutées du pays. La station populaire fut censurée trois jours durant en 2003 et subit la répression du gouvernement depuis cette date.
En 2004, Alexis Sinduhije recevait le Prix de la liberté de la Presse du Comité pour la protection des journalistes. Apparut dans la liste du Time Magazine des 100 personnes les plus influentes en 2008, il fut arrêté le 3 novembre de cette même année pour de prétendues insultes envers le président Pierre Nkurunziza, avant d’être innocenté et relâché le 13 mars 2009. Il fonda le parti MSD, et posa sa candidature aux élections présidentielle de l’année suivante, appelant finalement comme la quasi-totalité de l’opposition au boycott des élections présidentielle et législatives de 2010. Il sera contraint de quitter le Burundi après les violences consécutives à la contestation des résultats des élections présidentielles et législatives. Il n’est rentré d’exil à Bujumbura qu’en mars 2013. Son parti, le MSD, très actif sur le terrain, séduit notamment une partie de la jeunesse burundaise.
Le président Pierre Nkurunziza, et le parti CNDD-FDD au pouvoir, se retrouvent isolés alors que le parti Uprona a décidé de quitter la coalition gouvernementale. Qualifier d’« insurrection » des manifestations pacifiques pour réclamer les droits politiques et civils de l’opposition, des droits totalement bafoués au Burundi, et inculper le leader du MSD de « participation à un mouvement insurrectionnel armé en tant que leader de ce mouvement », montre que les tenants du pouvoir sont fermement décidés à liquider leurs opposants les plus actifs puisqu’il s’agit d’un crime passible de la perpétuité au regard de l’article 598 du Code pénal burundais. Après avoir incarcéré des dizaines de cadre du MSD, le gouvernement envisage de suspendre et même de dissoudre ce parti d’opposition.
Le gouvernement Belge aura-t-il l’ignominie d’être complice de ces manœuvres sordides ?
L’Agence d’information
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