RDC Congo : Une fosse commune avec 425 corps découverte à Kinshasa

5/04/2015
5/04/2015

Il est incontestable que de véritables escadrons de la mort étaient opérationnels pendant les journées de lutte contre la loi-Boshab. S’il s’avère, comme il est assez probable, que dans le charnier de Maluku ont été inhumés les morts tués par les nervis du pouvoir, les Congolais peuvent réclamer l’application de l’article 64 de la Constitution.

There is no doubt that real death squads were operationnal during the days of the fight against the Boshab law. If it turns out that, as it is very likely, in the mass grave of Maluku have been buried the dead people killed by the regime’s thugs, the Congolese may reclaim the application of the 64th article onf the constitution.

05 / 04 / 2015
Cela pourrait être une bombe à retardement qui explose dans les mains du pouvoir rdcongolais à dix-neuf mois de la présidentielle !
Fin mars, les habitants de Maluku, municipalité située dans la périphérie orientale de Kinshasa, alertent les autorités de la mission onusienne (MONUSCO) après avoir constaté la présence d’un charnier dans le cimetière de la commune. Les Casques Bleus, qui se rendent sur les lieux, y découvrent quatre cent vingt-cinq corps enterrés à la va vite et nuitamment, selon les déclarations de quelques riverains. L’information passe tout d’abord sur les ondes de Radio France Internationale (RFI) avant d’être relayée par la Radio Okapi des NU.

On lit, dans la version écrite du papier daté 4 avril de cette dernière, que « certaines sources concordantes [affirment] que ce sont des corps des personnes mortes lors des événements survenus du dix-neuf au vingt-un janvier dernier dans la capitale ». Des témoignages d’une gravité extrême que cet organe des Nations Unies, pourtant alliées du gouvernement de la RDC, n’aurait jamais reportés sans connaissance de cause. Ils sont corroborés par plusieurs faits.
Dans sa déclaration du 24 janvier, Human Right Watch, souligne d’avoir « documenté plusieurs cas dans lesquels la police ou les militaires de la Garde républicaine ont emportés les cadavres des personnes tuées, dans une apparente tentative de supprimer les preuves des tueries. Les forces de la Garde républicaine ont également tiré sans distinction dans un hôpital… ».

C’était justement à l’hôpital Mama Yemo de Kinshasa que Christopher Ngoyi Mutamba, président de l’association des droits de l’homme Synergie Congo Culture et Développement, avait été appelé d’urgence par le personnel de l’établissement terrorisé par les agissements des militaires de la Garde républicaine qui tiraient sur les patients et achevaient les blessés des manifestations. Il put le constater de ses propres yeux avant d’en faire part à son interlocuteur dans une conversation téléphonique enregistrée, dont nous vous fournissons le lien en annexe. Nous sommes le 21 janvier, et, quelques heures plus tard, assis sur une terrasse à Kalamu, Christopher Ngoyi sera enlevé par un groupe d’hommes en civil et en uniforme, puis obligé de monter sur une voiture sans plaque d’immatriculation. Pour avoir vu ce qu’il n’aurait jamais dû voir, il a été tenu au secret pendant trois semaines avant d’être présenté à la presse, avec de graves accusations à charge, le 10 février, dans les locaux du ministère de l’Intérieur.

C’est le titulaire de ce dicastère, le vice-premier ministre Evariste Boshab Mabudj, qui est monté au créneau, le 3 avril, suite à la décision de la Monusco de saisir le Procureur de la république afin d’ouvrir une enquête sur le charnier de Maluku. Après avoir nié tout lien entre les corps enterrés et les victimes des manifestations de janvier, il a affirmé, selon Radio Okapi, qu’ «  il s’agit plutôt des indigents, gardés longtemps à la morgue centrale de l’Hôpital général de référence de Kinshasa, ex-Mama Yemo, et inhumés par l’Hôtel de Ville de Kinshasa sur demande de la direction de la morgue ». Mis à part l’abus de pouvoir, car c’est un magistrat de la république qui aurait dû intervenir, Boshab commet là un véritable lapsus, qui sonne comme un aveu. En fait, ce sont bien des corps emmenés depuis Mama Yemo – l’une des « destinations inconnues » des manifestants arrêtés pendant les journées de lutte – qui ont été jetés dans la fosse commune du cimetière de Fula-Fula.
Pour beaucoup moins de morts, l’ex-président guinéen Dadis Camara a été violemment éjecté de son pouvoir... Qu’adviendra-t-il de Joseph Kabila, chef de l’État et commandant suprême des forces armées ? Les Congolais réclameront-ils l’application de l’article 64 de la Constitution qui prévoit le droit de faire échec, par tous les moyens, aux dérives dictatoriales du régime ?

Luigi Elongui

Document

Enregistrement d’une conversation entre des officiers de police, lors des manifestations du 19, 20 et 21 janvier. Un document qui ne peut pas avoir valeur de preuve, mais avec des références incontestables aux événements en question. Deux sources sécuritaires à Kinshasa nous ont déclaré reconnaître dans la bande sonore la voix Kanyama, le chef de la police.

Ci-dessous, traduction des textes du lingala au français.

L’instruction téléphonique qui a servi à assassiner les étudiants à l’UNIKIN (CAMPUS)
www.youtube.com
CORYNTHIEN (nom de code) à DOUGLAS (idem) 20-25 au PC opérationnel : les étudiants sont descendus jusqu’au niveau du lieu dit triangle. Ils sont nombreux et déterminés. Que faire ??
DOUGLAS 20-25 : À toutes les unités, il faut du renfort au rond-point Masanga Mbila. Pas de quartier, tirez sur tout se qui bouge. Tuez les tous et surtout du coté du campus (Université de Kinshasa, UNIKIN), j’insiste..
DOUGLAS 20-25 à FOUDRE (idem), qui commande les unités quelque part à Kinshasa : Ne te fatigue surtout pas, c’est notre job, toujours sous le drapeau, envoi la musaka. (Tuez les tous)
FOUDRE à DOUGLAS 20-25 : J’ai déjà fait le boulot mais je vais faire encore mieux.
DOUGLAS 20-25 à FOUDRE : Tu sors entrecoupé arrange ta position… ce sont les ordres de ALPHA ONE, exécution tout de suite.
CORINTHIEN à DOUGLAS 20-25 : Je suis à Birmanie du coté de l’Eglise kimbanguiste à Kasavubu. Je suis à court de munitions. Il me faut du renfort pour récupérer la situation.
DOUGLAS 20-25 : Mabele est en route il vient te renforcer..tiens bon et surtout envoie la musaka (tuez les tous)
Fin de la conversation

Mis en ligne par L’Agence d’information
 5/04/2015
 http://www.lagencedinformation.com/091-rdc-congo-une-fosse-commune-avec.html
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C’est à la mitrailleuse que l’armée tire sur la foule descendue dans les rues pour contester le régime de Joseph Kabila prolongé au-delà de son deuxième mandat sans même un simulacre d’élection.

Rappelons, Monsieur le Président, que cette répression intervient moins d’un an après l’ouverture, en juillet, d’un centre de formation pour les hauts gradés de l’armée rdcongolaise, formation aux techniques de contre-insurrection assurée par des instructeurs français.

Depuis plusieurs années, dans ce pays ravagé par la misère, on a pu voir l’action délétère du général Baillaud, instrumentalisant diverses milices et bandes armées à seule fin de déstabilisation, ceci prenant des proportions effrayantes, d’abord au Kivu, et maintenant au Kasaï, où les sbires de Kabila ne reculent devant aucun des sales procédés de la « guerre révolutionnaire » chère à l’armée française depuis les années 50.

Nous demandons ici solennellement le rappel du général Baillaud, ainsi que la fermeture immédiate de cette école militaire criminelle ouverte à Kinshasa sous votre responsabilité.

Nous dénonçons aussi le fait que la France – et l’Espagne [1] – aient osé bloquer toute protestation européenne, de même que la France paralyse l’ONU sur ce dossier depuis bien longtemps.

Nous demandons que la France renonce à sa fonction de « penholder » [2] au Conseil de sécurité, et rappelle au besoin son ambassadeur auprès de cet organisme, afin de permettre à la communauté internationale de regarder la situation plus impartialement.

L’Agence d’Information
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The regime had to do the first concessions considering the popular contestation and the fear of the diplomats haunted by the fact that the country would slide into chaos. But the deletion of contested law that would have permitted to Joseph Kabila to prolong his mandate beyond 2016 must be endorsed by the signature of the supreme magistrate and doesn’t seem to exhaust the demands of this mass mouvement.

Mis en ligne par L’Agence d’information

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