Les arrière-pensées gouvernementales de la démobilisation du M23

26/01/2014
26/01/2014

Pour la Monusco, un plan de réintégration des soldats de l’ancienne rébellion en dehors de leurs communautés d’origine n’est pas viable. Le M23 ne l’acceptera pas et les risques de nouvelles tensions ne sont pas à prendre à la légère.

For Monusco, a plan to reintegrate former rebel soldiers outside their communities of origin is not viable. The M23 will not accept it and the risk of new tensions are not to be taken lightly.

Selon une source interne à la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (Monusco), le plan gouvernemental de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des combattants de l’Armée révolutionnaire congolaise (ARC), aile militaire du M23, suscite craintes et perplexités au sein de l’appareil onusien à Kinshasa. « Un officiel de la Monusco n’a pas hésité à affirmer, pendant le meeting, que le plan DDR conçu par les autorités congolaises, et sur lequel les fonctionnaires de l’Agence nationale de renseignements (ANR) ont la haute main, ressemble davantage à un projet de déportation qu’à un processus de démobilisation », nous confie notre source qui fait état d’une réunion tenue par la Monusco en date 21 janvier, présidée par le général Abdallah Wafi et en présence de nombreux diplomates étrangers.

A la fin des travaux, un texte a été rédigé et adressé en forme de communication aux autorités kinoises, dans lequel on proposait à ces dernières, et avec un ton plutôt musclé, de revoir la formulation du plan DDR. Faute de quoi, il n’aurait pas été avalisé par la « Communauté Internationale », de laquelle les autorités congolaises attendent un soutien fort au niveau logistique et financier.

Les hautes instances de la Monusco, qui se plaignent également du manque de collaboration du gouvernement, font remarquer que les principes de réinsertion établis par les responsables du DDR – dont le patron, le général Delphin Kahimbi, ancien N° 1 de la 10e région militaire du Sud-Kivu et à l’heure actuelle en voie d’affectation, n’a pas, à proprement parler, la renommée d’un partisan de la réconciliation avec les ex-rebelles – ne prennent pas en charge la « dimension communautaire »… Bref, on soupçonne à juste titre le gouvernement de ne pas vouloir le retour des militaires démobilisés dans leurs foyers d’origine. « On vaudrait leur imposer une sorte de relocalisation ailleurs que dans les lieu où ils habitaient et c’est pour cela qu’on prévoit de les faire partir avec leurs familles. La conséquence sera que les ex-combattants n’accepteront pas d’y aller. L’application du plan sera bloquée et la sécurité du Kivu ne s’améliorera pas », nous explique la même source.

En clôture de la réunion, le général Abdallah Wafi a fait part, en termes même pas trop diplomatiques, du refus de la Monusco de soutenir le plan DDR si ses modalités n’étaient pas modifiées.

On se pose la aussi la question de savoir quelle attitude prendront les dirigeants du M23, directement concernés et certainement au courant du plan gouvernemental et des risques que son approche en matière de retour à la vie civile des ex-militaires de l’ARC comporte pour ces derniers. Surtout que les mêmes n’auront pas oublié le sort des quarante-quatre militaires rwandophones tués à Dungu, dans la Province Orientale, après avoir accepté la délocalisation en 2012.

L’Agence d’information

Mis en ligne par L’Agence d’information
 26/01/2014
 http://www.lagencedinformation.com/059-les-arriere-pensees.html
Sauf mention contraire, droits de reproduction et diffusion autorisés selon la licence Creative Commons Attribution BY-SA 4.0

La Nuit rwandaise 11 - Volume 1 | La Nuit rwandaise 11 - Volume 2

LE TARTUFFE OU L’IMPOSTEUR / ARCHIVES & TÉMOIGNAGES / LES FAITS SONT TÊTUS / DOCUMENTS / NEGATIONNISME ET EGLISE / RWANDA, DEMAIN / LA NUIT BURUNDAISE / LA NUIT CONGOLAISE / DOCUMENTS / DOSSIER DGR / RWANDA, ILS ECRIVENT / REMERCIEMENTS


 En savoir plus

Voir aussi

Kivu : la remobilisation meurtrière du racisme

 Depuis bientôt vingt ans les FDLR font régner la terreur dans toute la région du Kivu. Vingt ans après le génocide des Tutsi - en 1994 - on va finir par (...)

Depuis bientôt vingt ans les FDLR font régner la terreur dans toute la région du Kivu. Vingt ans après le génocide des Tutsi - en 1994 - on va finir par comprendre ce grand dessein indéchiffrable qui est à l’origine du génocide des Tutsi. La grande idée – l’a-t-on compris ? –, c’est la remobilisation du racisme, indispensable aux stratégies de domination.

Mis en ligne par L’Agence d’information

 7/04/2013

Carnage au bord du grand fleuve

 Du 16 au 18 décembre, 890 personnes ont été tuées à l’arme automatique en moins de 48 heures à Yumbi, dans la province de Maï Ndombe frontalière avec la (...)

Du 16 au 18 décembre, 890 personnes ont été tuées à l’arme automatique en moins de 48 heures à Yumbi, dans la province de Maï Ndombe frontalière avec la République du Congo. Les assaillants, arrivés de Kinshasa et d’un village limitrophe, encadraient les membres d’une communauté locale.

L’un des plus grands massacres de l’ère Kabila a été déguisé en conflit ethnique alors que le mobile politique ne fait pas de doute.

Le gouverneur de la province, proche du régime, est indiqué comme l’organisateur de cet acte de génocide visant la communauté Banunu.

Mis en ligne par L’Agence d’information

 31/01/2019

RDC Le passage en force de Joseph Kabila

 L’Agence d’information a reçu, et publie ci-dessous, une relation pertinente et détaillée de l’Accord de la Saint Sylvestre qui a validé et entériné le maintien (...)

L’Agence d’information a reçu, et publie ci-dessous, une relation pertinente et détaillée de l’Accord de la Saint Sylvestre qui a validé et entériné le maintien au pouvoir du président Kabila au-delà de la durée de son deuxième mandat.

The Information Agency has received and published below a relevant and detailed relationship about the New Year’s Eve Agreement which validated and endorsed President Kabila’s retention of power beyond his second term .

Mis en ligne par L’Agence d’information

 23/01/2017