RDC. Massacres de Beni : l’ONU en porte-à-faux

22/07/2016
22/07/2016

Pendant le carnage d’Oïcha, près de Beni, début juillet, les Casques Bleus n’ont pas assuré, pour l’énième fois, la protection des populations.
Les déclarations officielles de la MONUSCO, en contradiction avec la réalité des faits, trahissent l’« embarras » de la force des Nations Unies, alliée d’une armée que l’on sait impliquée dans les atrocités. Ce qui peut expliquer la non-intervention systématique et réitérée des soldats aux ordres du général français Jean Baillaud, théoricien de "l’approche globale" [portrait du général Baillaud à venir sur l’Agence d’information voir photo ci-dessous].
Une situation tragique et trouble, dans laquelle les communautés victimes des exactions sont déterminées à s’organiser pour l’auto-prise en charge de leur propre sécurité.

Début juillet, pendant la nuit de lundi 4 à mardi 5 juillet, à Oïcha, à une trentaine de kilomètres de la ville de Beni, un nouveau massacre a coûté la vie à neuf personnes, dont cinq femmes. Selon Amisi Kalonda, l’administrateur du territoire, les assaillants ont agi de 4h à 6h du matin, puis ils sont partis en direction de la route nationale 4 où ils ont endommagé des camions. Peu après, Casques Bleus et militaires loyalistes sont arrivés sur les lieux, le temps de compter les morts.
Un scénario habituel : depuis les premiers massacres en octobre 2014 dans cette zone fort militarisée, les forces censées protéger les civils brillent pour leur absence au moment des crimes. Une inaction qui suscite pas mal d’interrogations, encore une fois dénoncée par les militants des droits de l’homme et les activistes de la région : « Ni les FARDC, ni la Monusco, ne sont intervenues malgré les appels à l’aide de la population et les tirs », ont-ils déclaré devant les journalistes réunis en conférence de presse à Oïcha.
Pourtant, les quartiers Tenambo, Nzanza et Mamiki, investis par les agresseurs, sont situés à deux-cent mètres d’une base de l’armée régulière (FARDC) et à trois kilomètres d’une position des militaires malawites de la Brigade spéciale de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO). Ces derniers ont été alertés dès l’arrivée de l’escadron de la mort, selon le témoignage d’un membre da la « société civile », qui a lui-même appelé les soldats congolais et ceux de l’ONU. Pire, la veille, les forces de sécurités avaient été informées par des jeunes de la présence des tueurs qui rôdaient dans les parages.
Rien n’a été fait pour éviter le drame, ce qui n’a pas empêché le porte-parole militaire de la MONUSCO de donner une version des événements largement contredite par les constats de tous les témoins sur place : les soldats de l’ONU et de l’armée seraient arrivés à temps pour repousser les assaillants qui auraient fait des victimes pendant leur repli… Mais, dans sa dépêche du 8 juillet (10h54), RFI cite un document interne à la MONUSCO qui fait « état d’une toute autre réalité. Jamais, il n’est fait mention d’une intervention des casques bleus malawites… ». Un désaveu cinglant, venant de la « maison » !
Cet « embarras » évident trahit un dilemme que les hautes hiérarchies militaires de la MONUSCO sont en train d’affronter peut être avec la pire des approches, celui de l’aveuglement, voire de la passivité qui, selon certains, frise la complicité : comment assumer la responsabilité de protéger les civils, la fameuse R2P [Responsability to protect], dans une situation où ceux-ci sont le cible d’exactions, dont des gradés de l’armée régulière sont identifiés parmi les responsables, et cela selon de nombreux et détaillés rapports émanant pour la plupart des mêmes Nations unies ?
Des incidents entre « alliés » sont ainsi possibles, comme celui du 5 mai 2015, pendant lequel deux militaires tanzaniens de la Brigade onusienne ont été tués par des FARDC déguisées en « tueurs de Beni » ! Un meurtre auparavant attribué à la fantomatique ADF, l’étiquette utilisée par les autorités pour couvrir les vrais coupables d’une tragédie qui, depuis vingt-un mois, a fait environ 1300 victimes.
Une forme de violence terrible, avec enfants mutilés, femmes éventrées et hommes décapités à la machette et qui, selon l’un des experts du dossier, « est considérée comme l’une des plus meurtrières, mais aussi comme la plus opaque de l’histoire récente du pays ».
« Nous sommes aujourd’hui en état de légitime défense », a affirmé au correspondant de l’Agence d’information sur place le militant d’une Ong basée à Beni et qui préféré garder l’anonymat. « Les tueries sont organisées par des officiers supérieurs de l’armée qui “sécurisent” les massacreurs au lieu de protéger la population ! Et les Nations Unies laissent faire en connaissance de cause. Cela ne nous laisse pas le choix : soit nous allons nous faire tous exterminer à petit feu, soit nous-mêmes, nous prenons en charge notre propre sécurité dans une perspective d’autodétermination ».

Une victime du dernier massacre. Effrayant !
Le général Jean Baillaud, patron des forces de la Monusco
Son mandat expirant à terme, son successeur aura-t-il une attitude plus « avisée » ?

BENI, massacre du 5 juin
BESTMAN NEWS ‏@Pathyloko
Dans l’armer Congolaise aucun militaire Courage pour chasser #kabila et tout c MP @LambertMende @Mapon_Matata ???

Mis en ligne par L’Agence d’information
 22/07/2016
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— Général-major Chico Tshitambwe

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There is no doubt that real death squads were operationnal during the days of the fight against the Boshab law. If it turns out that, as it is very likely, in the mass grave of Maluku have been buried the dead people killed by the regime’s thugs, the Congolese may reclaim the application of the 64th article onf the constitution.

Mis en ligne par L’Agence d’information

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